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De grandes familles claniques fortes et unies

Rétablir le rôle de la famille au sein de nos sociétés

Le plus gros impact de l’instauration de matriarchies modernes et d’aviacraties révolutionnaires en occident, sera le rétablissement de l’institution de la famille en tant que maillon principal de notre tissu social. La famille a longtemps été une des valeurs sociales les plus importantes en Occident. Elle a probablement joué un grand rôle dans la survie même de nos peuples au niveau culturel. Au cours des dernières décennies toutefois, la famille occidentale en tant qu’institution a connu une détérioration qui la rapproche bien plus de l’agonie, que d’une quelconque résurrection.

Le règne de la famille nucléaire moderne est terminé

On ne peut aussi ignorer le fait que le modèle de la famille nucléaire a été une des assises fondamentales du développement économique récent des sociétés occidentales, surtout en Amérique du Nord. Dans la deuxième moitié du siècle dernier, le modèle de surconsommation nord-américain a trouvé une terre extrêmement fertile en multipliant les foyers unifamiliaux. Il continue même encore sur cette lancée, en profitant aujourd’hui du démantèlement de ces familles au sein de foyers uniparentaux. Mais cette économie basée sur la croissance a atteint aujourd’hui sa limite de viabilité. Il existe heureusement un autre modèle de la famille, qui facilitera la transformation progressive de nos économies.

Un autre modèle familial éprouvé

Les matriarchies présentent un modèle familial éprouvé, assez différent de notre famille traditionnelle, qui a cependant assuré la stabilité de ces sociétés pendant des siècles, voire des millénaires. Il s’agit du modèle familial matrilocal et matrilinéaire. La matrilocalité signifie que le lieu de résidence principal des enfants d’une mère demeure le même que celui de leur mère, pour toute la durée de la vie des individus. La matrilinéarité signifie que les noms, les titres de propriétés ainsi que les héritages sont transmis de mères en filles.

Une famille clanique pour la vie

Les familles claniques d’une matriarchie comptent généralement entre 10 et 100 personnes. La famille y constitue un symbole fort auquel les enfants s’identifient toute leur vie. Comme ils habitent tous au même endroit la plus grande partie de leur existence, les liens qui unissent les membres d’une famille clanique durent réellement toute la vie. Il ne faut cependant pas croire que les membres de la famille clanique matrilocale perdent leur liberté ou leur intimité. Au niveau de l’architecture par exemple, une résidence familiale matrilocale typique ressemble à un grand motel, auquel sont greffés plusieurs espaces communautaires.

Famille Elargie Moso

Chaque adulte possède sa chambre avec une porte extérieure et conserve ainsi son intimité. Chaque membre de la famille clanique profite aussi de la vie communautaire de sa grande famille élargie. Cet élargissement prend forme horizontalement, en vivant au même endroit que ses frères, ses sœurs, ses cousins et ses cousines. Il faut aussi souligner la dimension verticale de la famille clanique matrilocale, car elle regroupe habituellement sous le même toit 4 ou 5 générations.

Maison Moso Traditionnelle

La parentalité est une responsabilité du clan familial élargi

La différence fondamentale avec notre famille traditionnelle, se situe au niveau du rôle accordé au père biologique des enfants, dans l’univers familial. Dans une matriarchie, être parent n’est pas considéré comme un droit, accordé du fait d’une filiation génétique. Il s’agit plutôt d’une responsabilité qui est d’abord remplie naturellement par la mère de l’enfant. Et cette responsabilité parentale est ensuite partagée au sein de la famille clanique matrilinéaire de la mère de l’enfant1 . C’est-à-dire que l’on attend aussi des oncles et tantes maternels de l'enfant, ainsi que de sa grand-mère et des autres membres de la lignée maternelle, qu’ils jouent un rôle actif quotidien dans son éducation. Évidemment, cela est rendu plus simple du fait que ceux-ci habitent la même résidence.

L'avantage pour les enfants de vivre dans une grande famille clanique

La grande famille clanique matrilocale est un environnement idéal pour le développement des enfants. Ces derniers ont l'opportunité d'interagir quotidiennement avec plusieurs adultes. Car en regroupant plusieurs générations sous le même toit, on y retrouve habituellement 4 ou 5 adultes pour chaque enfant. Ceux-ci n’ont pas non plus à craindre l’éclatement de leur cellule familiale, comme c’est le cas aujourd’hui avec nos familles occidentales. Les enfants sont en sécurité grâce à la grande stabilité de la famille clanique matrilocale.

La mère est entourée, supportée et plus libre

De plus, comme elle peut compter sur le support quotidien de ses proches, la mère n’est pas isolée comme c’est le cas trop souvent au sein de nos familles nucléaires occidentales. Elle peut même compter sur sa famille clanique si elle devait s’absenter pour une longue période. L’enfant continuera d’être entouré par les autres adultes de la famille clanique qui sont des proches. Le choc de l’absence de la mère pourra être plus facilement absorbé par l’enfant car son vaste entourage est conservé.

L'identité de la mère biologique n'a plus d'importance pour l'enfant

Du point de vue de l'enfant d'une famille clanique matrilocale, l'identité spécifique de la mère biologique finit par ne plus avoir vraiment d'importance2 . Ce sont aussi bien les hommes que les femmes de la lignée matrilinéaire qui remplissent les rôles habituellement dévolus aux pères et aux mères dans nos sociétés occidentales.

Être parent cesse d'être un sacrifice

Dans une matriarchie, le fait de partager équitablement les responsabilités parentales au sein d'un large groupe fait en sorte que la parentalité est davantage vu comme quelque chose de normal et généralisé. Ce n'est pas du tout un "sacrifice" qui exige des responsabilités supplémentaires et qui demande une reconnaissance spéciale. Tous les hommes et toutes les femmes de toutes les familles claniques sont, chacun et chacune à leur façon, les pères et les mères de tous les enfants!

Être comme un père pour l'enfant de sa soeur

Notre société patriarchiste donne depuis des siècles, et particulièrement depuis le dernier siècle, une importance démesurée à la relation père-enfant. Le rôle de figure paternelle pour l’enfant peut très bien être la responsabilité d’autres hommes de la famille clanique, sans absolument aucune carence du point de vue de l’enfant. Du point de vue du père biologique, le lien affectif développé avec un enfant dont on prend la responsabilité, est également tout aussi valable et valorisant, quel que soit le lien biologique partagé avec lui3 .

L'expérience des pères de familles démantelées

Incidemment, le chaos et l’improvisation qui suit généralement la séparation de nos familles nucléaires a justement permis à plusieurs hommes de réaliser ce fait. Beaucoup d'occidentaux ont réalisé de facto qu’un homme peut développer une responsabilité affective tout à fait équivalente, avec un enfant dont il n’est pas le père biologique. Dans le cas de la famille clanique matrilocale, même s’il n’est pas direct, le lien sanguin est tout de même présent, puisqu’il s’agit généralement de l’enfant de sa sœur, d'une cousine, d'une tante ou d'une nièce.

Éduquer ses neveux et nièces

Dans une famille clanique matrilocale, on s’attend à ce que tout homme soit bien présent et responsable au sein de son clan, en jouant le rôle de figure paternelle pour les enfants de ses sœurs, de ses nièces, de ses cousines ou mêmes de ses tantes, selon la composition de sa famille clanique. Ainsi chez les Minangkabau d’Asie du sud-est, un homme s’attire le respect de sa communauté en suivant cette consigne : Élève tes neveux et nièces afin qu’ils deviennent de dignes représentants de ta famille clanique, et assure-toi que ta progéniture ne manque de rien4 .

Le père biologique joue le rôle qui lui convient

Le père biologique est donc habituellement en retrait de l’univers familial dans une matriarchie. La possibilité pour lui de jouer un rôle important n’est bien sûr pas exclue. Mais il ne possède aucun droit sur les enfants dont il est le géniteur. On pourrait dire qu’il s’agit plutôt de services qu'il peut offrir, ou de privilèges qui lui sont accordés par la mère de l’enfant et par sa famille clanique, s’il le désire et si cela convient.

Rien n'est exclu, le mariage est toujours possible

Dans les matrarchies connues, les cas de cohabitation père-mère sont plutôt rares. Mais ils sont bien sûr possibles. On peut par exemple facilement imaginer que, pour les couples qui s'entendront très bien jusqu'à l'accouchement et qui le désirent, le père biologique de l'enfant vienne s'installer temporairement dans la famille clanique de la mère. Il pourra ainsi l'aider à s'occuper du nouveau-né et à se remettre de l'accouchement. Le jour où la mère ne sera plus à l'aise avec la présence du père dans son environnement familial, ou que celui-ci ne s'y sentira plus à sa place, il devra quitter paisiblement pour par exemple, retourner vivre dans sa propre famille clanique matrilocale. Rien ne l'empêchera de s'entendre avec la mère de l'enfant, pour continuer de jouer un rôle auprès de l'enfant par la suite.

Et si jamais le père et la mère s'entendent tellement bien qu'ils désirent continuer de cohabiter ensemble, personne ne les en empêchera. Ils pourront même tout à fait librement quitter leurs familles claniques matrilocales respectives et contracter un mariage, par exemple. La matriarchie, grâce à son expérience pratique de milliers d'années de fonctionnement équitable et harmonieux, offre un cadre familial de base qui convient à la très grande majorité de la population. Elle ne vise aucunement à forcer les membres de la communauté à se limiter à ce mode de vie.

Une liberté sexuelle totale

Il est très important de préciser que la famille clanique matrilocale et matrilinéaire offre aux hommes et aux femmes qui la composent une liberté sexuelle totale. Chez les Iroquois, l'activité sexuelle était considérée comme une pratique thérapeutique et même essentielle pour maintenir la cohésion sociale 5 . Il s’agit d’un aspect fondamental qui distingue la famille clanique matrilocale de la famille nucléaire. L’expérience des matriarchies montre sans équivoque, que cette liberté sexuelle totale constitue un gage de stabilité pour les familles claniques, tout en permettant à ses membres de s’émanciper.

Dans les matriarchies connues, cette liberté sexuelle modifie fondamentalement les schémas de relations intimes entre femmes et hommes. Bien que très peu de données existent sur le sujet, les matriarchies semblent clairement offrir un environnement plus sécure pour les femmes au niveau de leurs relations intimes avec les hommes 6 .

Le mariage est abandonné par nos familles

Alors qu’à l’opposé, il est manifeste que continuer de faire reposer les assises des familles occidentales sur le couple de parents, qui sont aussi généralement des partenaires sexuels exclusifs, est plutôt un synonyme de fragilité, d’improvisation, de crises et de tragédies pour les familles. Le mariage, qui constituait autrefois une valeur sûre pour la famille au Québec, a été abandonné par la majorité des jeunes couples, comme cadre légal pour la famille7 .

Un nouveau cadre légal pour la famille clanique : le Matriage

Nous croyons qu’il est temps d’offrir une alternative à l’institution du mariage, qui exclue la référence au couple de parents, afin de redonner une assise légale solide et durable aux familles occidentales. Nous proposons ainsi l’établissement d’un nouveau régime légal de base pour les familles claniques : le matriage. En voici une définition générale :

  • Le matriage est l'institution par laquelle des mères et leurs enfants, des femmes et des hommes, unis par la descendance matrilinéaire, ou par adoption au sein d’un matriage existant, vivent en commun et forment une famille clanique.
  • Le matriage est le régime légal par défaut unissant tous les membres d’une lignée matrilinéaire résidant au même domicile.
  • Il est possible de quitter un matriage à tout moment, simplement en résidant ailleurs que dans la résidence habituelle des membres du matriage.
    • Note : La notion de résidence est déjà assez bien définie juridiquement. Il faudra probablement l'ajuster quelque peu pour qu'elle soit conforme au concept de « matriage ».
  • L’adhésion à un matriage existant se fait simplement en élisant domicile à la résidence habituelle des membres existants du matriage, sous réserve de l’accord unanime de ceux-ci.

Lier frères et soeurs, de même que les enfants de celles-ci

Ce régime de matriage reprendra les notions de base du mariage. Ainsi les obligations des membres d’un matriage (c’est-à-dire d’une famille clanique matrilocale) seront pratiquement les mêmes que celles des époux dans le régime actuel :

  • Choisir ensemble leur résidence familiale ;
    • Note : pour la plupart des familles claniques matrilocales, cette obligation ne sera la responsabilité que des premières générations. Car un des bienfaits de la famille clanique matrilocale est d’assurer à ses membres, et à toutes les générations futures de la lignée matrilinéaire, la même résidence.
  • Contribuer aux charges du ménage selon leurs moyens respectifs ;
  • Se devoir mutuellement respect, fidélité, secours et assistance ;
    • Note : le devoir de fidélité n’a bien sûr aucune connotation sexuelle au sein de la famille clanique matrilocale. C’est évidemment plutôt le contraire qui est présumé, puisque l’inceste demeurera toujours interdit.
  • Assumer conjointement les dettes contractées pour les besoins courants de la famille clanique.

Fractionner ses revenus avec sa fratrie

Nous proposons que le matriage offre l’avantage de pouvoir fractionner leurs revenus sur l’ensemble des membres de la famille clanique, lors de leurs déclarations de revenus. Cette mesure du fractionnement du revenu des ménages, bien que contesté par plusieurs lorsqu'il s'agit de couples, aura le grand avantage de solidifier les liens économiques au sein des familles claniques matrilocales.

Un régime par défaut, dont on peut sortir quand on veut

Ce régime de matriage sera le régime par défaut, dès qu'au moins une mère vivra au même endroit qu'un de ses enfants ou que des membres d'une fratrie, par exemple un frère et une soeur, habiteront au même endroit. Il est entendu que les citoyennes et les citoyens auront la possibilité de conclure une autre forme de régime de cohabitation familiale (comme le mariage conjugal ou l'union libre) ou bien sûr, choisir de vivre seul-e. Une fois la famille clanique matrilocale bien établie dans les mœurs des sociétés occidentales, la matrilinéarité se mettra en place d'elle-même grâce à la propagation du nom de famille par les mères, et au transfert des titres de propriétés de génération en génération par la lignée matrilinéaire.

Références

1 « Dans la société hopi, toutes les femmes de la même génération que la mère biologique, dont ses soeurs biologiques bien sûr, sont des "mères" pour les enfants. Les enfants appellent toutes ces femmes "notre mère", itangu. » (p. 102)
Françoise Perriot, Sagesse des indiens d'Amérique
Hachette, 2016
2 « J'ai trois mères. Je ne savais pas laquelle était ma mère biologique car elles s'occupaient toutes de moi tellement bien. Au lycée, le professeur nous a demandé de remplir un formulaire avec le nom de notre mère. Je ne savais pas quoi écrire. J'ai dit : Est-ce que je peux demander à mes mères plus tard dans ma famille laquelle est ma mère biologique? Mon professeur était sous le choc : Tu ne sais pas qui est ta mère? » (à partir de 47:25, traduction libre)
Texte original : « I have three mothers. I didn't know who is my biological mother because they all treat me so well. In secondary school my teacher asked us to fill in a form with mom's names. I didn't know what to write and said: can I ask my mothers later who is my biological mother in the family? My teacher was shocked: You don't know who is your mother? »
Chou Wah Shan, Tisese: A Documentary on Three Mosuo Women
Ying E Chi, 2001
(visité le 12 mai 2019)
3 « Un consensus assez clair s’est développé quant au fait que le lien biologique n’est ni nécessaire ni suffisant pour faire d’un individu un parent. » (p. 5)
Françoise-RomaineOuellette, Qu’est-ce qu’un père? Qu’est-ce qu’une mère?
INRS-Culture et société, 1999 (visited June 21st, 2018)
4 « Un homme doit s'enrouler autour de sa famille, des coutumes et des affaires du village. Comme la courbe extérieure de la fronde, il doit se projeter vers son village et mener ses neveux et nièces, afin de les guider sur le chemin de la vie quotidienne. En tant que père, un homme doit soutenir ses enfants (les aimer, en d'autres termes), et en tant qu'oncle, il doit tenir ses neveux par la main (les éduquer). » (traduction libre)
Texte original : « A man should wrap himself around his family, customs, and the affairs of the village. Like the outward curve of the frond, he must turn outward to his village and serve as leader to his nephews and nieces, guiding them in the path of everyday life. As a father, a man is expected to carry his children (love them, in other words), and as an uncle he must lead his nephews by the hand (educate them). » (p. 26)
Peggy Reeves Sanday, Women at the Center : Life in a Modern Matriarchy
Cornell University Press, 2003
5 « … la relation sexuelle était vue comme un moyen de fortifier les corps féminin et masculin, ce qui explique sa libre utilisation lors de la cérémonie de guérison andacouandet, alors que quelqu'un en santé faisait l'amour à un autre malade. ... Du sexe, et en grande quantité, était la seule façon d'assurer la sécurité publique» (traduction libre)
Texte original : « … love-making was held to strenghten both the female and the male body, explaining its liberal use in the andacouandet healing ceremony, in which the healthy made love to the sick. ... Sex, and a lot of it, was the only way to ensure public safety. » (p. 276-278)
Barbara Alice Mann, Iroquoian Women : The Gantowisas
Peter Lang Publishing, 2004
6 « Alors que la violence sexuelle rapportée par les femmes de milieux matrilinéaires se produit sous la forme d'actes sexuels consentis mais non désirés, les femmes de milieux patrilinéaires racontent avoir subi des agressions de violence émotionnelle et physique lors de rapports sexuels non consentis. » (extrait, traduction libre)
Texte original : « Sexual violence against matrilineal women occurred as consented but unwanted sexual acts, but patrilineal women narrated experiencing violent emotional and physical attack with aggressive unconsented sexual intercourse. » (Abstract)
Alice Pearl Sedziafa, Eric Y. Tenkorang, Adobea Y. Owusu, Kinship and Intimate Partner Violence Against Married Women in Ghana: A Qualitative Exploration
Journal of Interpersonal Violence, 10 janvier 2016, (visité le 2022-04-03)
7 « En 2011, il est en effet plus fréquent de vivre en union libre que d’être marié avec son conjoint chez les femmes âgées de moins de 35 ans et chez les hommes de moins de 40 ans. » (p.101)
http://www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/population-demographie/bilan2012.pdf Le bilan démographique du Québec, Édition 2012
Gouvernement du Québec, Institut de la statistique du Québec, 2012

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